Etrange rentrée

Elle est toute proche, la rentrée 2020. Mais elle ne nous tend pas les bras. Geste barrière. 
Elle se cache derrière un masque, elle aussi, et nous laisse dans l'inconnue de savoir qui est censé protéger qui.

Tiraillés entre les annonces, les peurs, les parapluies qu'on ouvre pour éviter les responsabilités, nous nous retrouvons dans une situation inédite, techniquement mais surtout au plan méthodologique.
Depuis des années j'ai basé ma méthode de travail sur quelques piliers simples, parmi lesquels la respiration, l'acceptation du toucher par l'autre, la voix qui sort sans obstacle du "ventre" et se pose sur l'air expiré, la présence confiante exposée au regard du partenaire/groupe. Les recommandations sanitaires viennent interdire chacun des exercices que nous proposions jusqu'au 17 mars 2020...

On me rétorque déjà que je peux me retourner, qu'il y a sans doute moyen de transformer les méthodes et les techniques, de trouver d'autres mécanismes, d'inventer de nouvelles mise en expérience... Sans doute. Certainement. Oui.

Mais...

Ma crainte n'est pas technique dans le sens des outils que je peux faire évoluer.
Ma crainte est celle d'un homme à qui on va exiger qu'il parvienne, par la pratique du théâtre, à faire en sorte que des jeunes de 15 à 20 ans puissent prendre confiance en eux pour s'exprimer, dans un monde où la menace sanitaire vient rajouter une couche supplémentaire aux nouvelles habitudes de communication. D'incommunication. (Tandis que les plans sociaux se multiplient, les GAFA multiplient leurs bénéfices...)

La poignée de mains a disparu du paysage ! Un jour on mesurera les conséquences de cette mesure. 

Je souhaite une excellente rentrée 2020 aux enseignants, pédagogues et intervenants.

Fausto Olivares